Article du Point du 5 fév 2014
Le dernier bilan de santé du rover, un peu préoccupant, pourrait conduire à repenser son itinéraire, en attendant d'éventuelles solutions techniques.
C'est un problème que l'équipe de la mission Curiosity n'attendait pas si tôt. Après un peu moins de cinq kilomètres parcourus, depuis son arrivée sur Mars, en août 2012, le précieux rover commence à montrer des signes de faiblesse. Déformations, trous, déchirures : l'état de ses six roues motrices est devenu un brin préoccupant. Le sol de la planète rouge, au niveau du cratère Gale, jonché de nombreux cailloux tranchants, se révèle plus abrasif que prévu. Et il semble que, de ce point de vue, le quatrième trimestre de 2013 ait été particulièrement éprouvant pour le robot, qui ne se trouve encore qu'à mi-chemin des contreforts du mont Sharp, objectif scientifique principal de sa mission.
Certes, ses roues, des cylindres d'aluminium durci de cinquante centimètres de diamètre, ont été conçues pour rester opérationnelles en dépit des atteintes du temps. Mais la question est : jusqu'à quel point ? Passé un certain degré d'altération, les ingénieurs de la mission redoutent que le rover de 900 kilogrammes - pas vraiment un poids plume - finisse par avoir des difficultés à se déplacer sur la surface accidentée de la planète rouge. C'est pourquoi ils envisagent sérieusement de repenser la trajectoire que Curiosity doit emprunter pour gagner la base du mont Sharp. Mais, dans un premier temps, le robot doit déjà faire halte au point baptisé KMS-9, lieu de son prochain forage. Une zone où la sonde Mars Reconnaissance Orbiter a permis d'identifier trois types de terrain différents, particulièrement intrigants.
Dilemme
Pour s'y rendre, plusieurs itinéraires sont possibles. L'un, celui initialement prévu, implique de traverser une nouvelle zone rocheuse susceptible de mettre, de nouveau, les roues du rover à rude épreuve. L'autre, repéré récemment, emprunte un couloir entre deux monticules rocheux, surnommé Dingo Gap, qui conduirait, d'après les images satellites, vers un sol plus lisse. Le hic ? L'entrée de Dingo Gap est une zone sableuse. Or, au Jet Propulsion Laboratory, personne n'a oublié que c'est dans une zone comme celle-ci que le robot Spirit, jumeau de l'increvable Opportunity, a définitivement fini sa course. Curiosity devrait donc commencer par aller prendre des clichés de la zone et tenter ensuite d'y engager "une roue" pour évaluer un peu mieux la résistance du sol.
Par ailleurs, les ingénieurs de la mission sont en train de plancher sur une méthode de pilotage moins agressive pour les roues du rover. Déplacement en marche arrière, déplacement sur quatre appuis seulement (afin d'en préserver deux) : toutes les pistes seront explorées. Enfin, des contrôles plus réguliers de l'état des roues du rover vont être mis en place.